Partie 2 - Les barotraumatismes
Un barotraumatisme* est un dommage corporel dû à un changement de pression des gaz dans le corps. Ils se produisent lorsqu'il y a une difficulté d'adaptation entre la pression d'air à l'intérieur d'une cavité du corps et la pression externe. Ils ne sont occasionnés que dans les cavités* du corps humain, sensibles aux variations de pression. Dans cette partie, nous étudions les différents types de barotraumatisme, leurs causes et leurs symptômes.
- Barotraumatismes de l’oreille :
Comme on peut le voir sur le schéma ci-dessus, l'oreille moyenne constitue une cavité lorsque la trompe d’Eustache* est fermée, ce qui est le cas la plupart du temps. Par conséquent, si la pression à l'intérieur de l'oreille moyenne et la pression ambiante ne sont pas équilibrées, il y a risque de barotraumatisme. Lors de la plongée, la pression ambiante et donc de l’oreille externe augmente, mais la pression à l'intérieur de l’oreille moyenne demeure celle régnant à altitude 0. La pression dans l'oreille externe est donc supérieure à la pression dans l'oreille moyenne ; il y a un déséquilibre de pression : une dépression* se crée dans l'oreille moyenne. Le tympan se déforme alors en étant "tiré" vers l'intérieur de l'oreille. Une douleur plus ou moins importante est ressentie. Si le tympan se rompt, l'irruption d'eau froide dans l'oreille moyenne provoque la perte totale d'équilibre de l'apnéiste, voire sa perte de connaissance.
Pour rééquilibrer les pressions, il faut ouvrir la trompe d’Eustache, afin d'envoyer de l'air dans l'oreille moyenne et ainsi augmenter la pression. Nous détaillons les différentes méthodes dans la partie 3.
Un autre barotraumatisme de l'oreille existe, mais il est plus rare : il se produit lors de la remontée. La pression dans l'oreille externe diminue car la profondeur diminue. Cependant, la pression dans l'oreille moyenne ne varie quant à elle pas ; si le rééquilibrage des pressions a bien été fait lors de la descente, la pression régnant à l'intérieur de l'oreille moyenne sera donc la pression présente a la dernière profondeur où l'apnéiste aura équilibré. La pression dans l'oreille externe sera par conséquent inférieure à la pression dans l'oreille moyenne : il y a surpression* dans l'oreille moyenne. C'est le phénomène inverse du premier barotraumatisme : le tympan se déforme vers l'extérieur jusqu'à sa rupture. Mais en temps normal, la surpression créée dans l'oreille moyenne force l'ouverture de la trompe d’Eustache, équilibrant les pressions. Le seul cas où ce barotraumatisme peut se produire est si la trompe d’Eustache est très peu perméable (rhume, malformation de la trompe...).
- Barotraumatismes sinusiens :
Les sinus* constituent des voies aériennes osseuses qui communiquent avec les cavités nasales via les canaux sinusiens. Lorsque ces cavités sont obstruées ou bouchées, elles deviennent sensibles aux variations de pression. Lors de la descente et à cause de la compression, si les sinus se trouvent bloqués (ou obstrués) cela peut provoquer une aspiration des muqueuses contenues à l’intérieur des sinus, pouvant même toucher les vaisseaux sanguins et ainsi engendrer des saignements sans gravités. En revanche, en remontée, des sinus bloqués sont beaucoup plus problématiques. Le volume d’air contenu dans les sinus obstrués va augmenter lors de la remontée en surface provoquant un écrasement de la muqueuse sinusale contre la paroi et donc déclencher une vive douleur. Les symptômes ressentis sont alors une impression d’écrasement au niveau du front, qui peut être accompagnée d’une sensation de rage de dent (si les sinus des maxillaires sont touchés).
- Barotraumatismes dentaires :
Les lésions dentaires liées à la pression surviennent uniquement dans le cas d’une dent mal soignée, par exemple une fissure de l'émail dentaire ou un trou laissé par une carie mal soignée ou mal obstruée.
Lors de la descente, il se produit une augmentation de la pression à l’intérieur de la cavité dentaire, le volume d’air contenu dans la cavité diminue alors. La dent étant non-compressible, sa paroi ne peut se modifier et la dépression créée génère une douleur vive.
Lors de la remontée, la pression diminue et le volume d’air contenu dans la cavité augmente. L’air va se dilater. Si la cavité est un plombage ou un orifice mal refermé, il y a risque d’arrachement. Dans des cas extrêmes, c’est la dent elle-même qui va éclater, provoquant une douleur insupportable pouvant aller jusqu’à une perte de connaissance, c’est la syncope*.
- Barotraumatismes pulmonaires (thoraciques) :
Lors de la descente, l’augmentation de la pression entraîne une diminution du volume des poumons, la capacité pulmonaire est réduite au volume résiduel (volume d’air minimal à l’intérieur des poumons après une expiration totale, en moyenne 1.5 litres) à 30-40 mètres environ de profondeur. La cage thoracique atteint alors son volume minimal alors que la pression continue d’augmenter. La dépression liée au vide relatif à l’intérieur du thorax va faire remonter une partie des viscères abdominaux. Pour combler le vide intra-thoracique, le sang va affluer des organes périphériques vers la circulation pulmonaire par l’intermédiaire des capillaires, on appelle ce phénomène « bloodshift* ». Il empêche la cage thoracique de s’effondrer.
Cependant, cet afflux de sang par les capillaires peut provoquer un déchirement des parois capillaires, ce qui entraîne une hémorragie. L’apnéiste peut alors ressentir une détresse respiratoire, un goût de fer dans la bouche et des saignements, un sentiment de confusion ou encore une oppression thoracique. Il peut aussi se produire un OAP (œdème aigu du poumon*) suite aux ruptures alvéolaires.
En plongée sous-marine, un autre barotraumatisme thoracique est la surpression pulmonaire. Au moment de la remontée, le volume d’air des poumons du plongeur, s’il retient sa respiration, va augmenter, dépassant la capacité maximale des poumons. Les alvéoles pulmonaires se déchirent alors. C’est un accident mortel, mais il ne concerne pas l’apnéiste, qui ne peut modifier sa quantité d’air en plongée.
- Barotraumatisme oculaire :
Il n’existe qu’un barotraumatisme lié aux yeux, celui engendré par le masque de plongée. Lors de la descente, il se peut que l’air contenu à l’intérieur du masque, suite à la diminution de son volume, crée un effet ventouse sur les yeux : il se produit une dépression à l'intérieur du masque. Plusieurs lésion oculaires peuvent alors se produire : coquards* ou encore hémorragies sous conjonctivales.
- Barotraumatisme des conduits digestifs :
Il est lié aux bulles de dioxyde de carbone contenues à l’intérieur du tube digestif. Lors de la remontée, elles sont susceptibles de provoquer une douleur suite à l’augmentation de leur volume, engendrant de brutales douleurs au niveau du colon et libérant des flatulences. Ce type de lésion est cependant très rare et ne se produit que dans des cas d’apnées profondes (supérieures à 50 m).